Qui n’a pas entendu parler des certifications techniques ? Souvent, on nous en parle alors que nos études ne sont pas encore terminées. Beaucoup ne savent pas quoi en penser, entre les détracteurs qui n’y voient aucun intérêt, et les personnes qui s’empressent d’aligner un maximum de certifications sur le profil tel un scout aligne les badges. La réalité étant plus nuancée, je vous propose de nous pencher un peu plus sur ce sujet épineux.
Le but des certifications techniques ?
La première question que l’on peut se poser légitimement est l’utilité d’une certification technique. La réponse qui parait le plus logique est que celle-ci vient en complément des diplômes attestant de compétences spécifiques, en général d’une expertise particulière. Certains se demandent surement si cela apporte plus que ce que notre expérience prouve déjà, la réponse est encore une fois que cela dépend, notamment, de la personne qui juge votre niveau ; les certifications ayant tout de même le mérite de définir une standardisation du niveau sur des domaines qui ne sont pas forcément simples à évaluer. Dans certaines entreprises et dans certains cadres, avoir une certification peut clairement vous débloquer des missions ou des postes.
Pour l’instant cela parait plutôt évident et je ne vous apprend surement pas grand-chose. Mais en réalité il s’agit surement pas de l’enjeu majeur des certifications, notamment pour les entreprises. Car si les entreprises poussent à la certification, ce n’est pas juste pour le pur plaisir. L’enjeu est très simple, le nombre et le niveau de certification des employés débloquent des niveaux de partenariats aux entreprises avec les fournisseurs. Exemple assez classique que j’ai connu dans les DSI, Microsoft étant souvent un des principaux fournisseurs. Si jamais votre entreprise arrive à avoir un certain nombre de personnes certifiées, vous obtiendrez des avantages comme des crédits cloud, ou encore des avantages commerciaux plus classiques. Bref, cela devient très rapidement un enjeu très important pour les entreprises.
Une certification, ça se passe comment ?
Il y a, en règle générale, deux formules pour passer une certification. Il y a tout d’abord les certifications simples, où vous révisez un programme et vous passez votre examen, ce qui revient globalement à passer le bac en candidat libre. Il y a ensuite les formules « tout compris » où vous suivrez une formation qui vous donnera de bonnes bases et vous entrainera à l’examen, même si souvent cela nécessite un investissement personnel en complément. On peut comparer cette deuxième formule à la scolarité classique pour passer le bac. Cette dernière est bien sûr bien plus onéreuse, et c’est souvent la première qui est choisie, les révisions étant prévues sur de l’investissement personnel.
Tout ça c’est pour la forme, mais pour le fond ? Comment va-t-on m’évaluer ? Là encore il y a plusieurs écoles :
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Les questionnaires à choix multiples ou ouvertes sont les plus répandus. Vous êtes évalués sur des questions à propos de la technologie. Les questions peuvent être très théoriques (combien de CPU peut supporter Windows Server 2016) ou plus ouvertes avec parfois des mises en situation, en fonction de la technologie. Il s’agit de questions qui pour beaucoup se font par bachotage de sujet malheureusement. Souvent, la difficulté de l’exercice est plus de comprendre correctement la question que de trouver la bonne réponse.
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Les examens pratiques sont bien moins nombreux. Ils ont été grandement remis au goût du jour par la Linux Foundation. Ici, fini les questions, vous êtes face à un sujet et une console en général, et c’est à vous d’écrire les commandes ou le code nécessaire pour répondre au sujet. C’est à mon sens la meilleure manière de faire aujourd’hui même si malheureusement elle est encore peu répandue aujourd’hui.
En général les certifications peuvent prendre place dans un parcours de certifications, celui-ci est souvent composé de branches allant vers diverses spécialisations. Attention néanmoins, il est souvent nécessaire de réussir les certifications de base pour accéder aux suivantes. Vous pouvez voir un exemple ici avec le parcours de certification d’AWS, où certaines certifications comme l’“architect” nécessite la certification “pro” :
Je ne parle pas des certifications de suivi de formation type Udemy qui sont uniquement des certifications “prouvant” que vous avez vu l’ensemble d’un programme. Il est à noter par contre, que beaucoup de formations sur ce type de site sont tout à fait adaptées pour se préparer à passer une certification technique classique.
Une bonne manière d’apprendre ?
On peut se demander si passer une certification est une bonne manière d’apprendre et de s’améliorer dans une technologie. La question n’est pas si simple, dire que vous n’apprendrez rien au cours du passage d’une certification serait surement de mauvaise foi. Voir la manière dont le fournisseur voit ses services et leurs fonctionnement est, je pense, toujours intéressant. De plus, en fonction de l’examen, s’il y a de la pratique notamment, vous en sortirez surement plus à l’aise avec l’outil.
Néanmoins, à mon avis, cela est à nuancer. Comme je le disais, la majorité des certifications restent du bachotage, ce qui n’est à mon sens pas la meilleure des manières d’apprendre. De plus, un grand nombre de certifications reste assez abstrait et se contente de vérifier des connaissances uniquement théoriques. Une fois face à des problématiques et des cas concrets, vous pouvez être perdu malgré l’obtention de celle-ci.
Au final, qu’en penser
Comme vous l’avez vu, le sujet des certifications est très complet et leur utilité est réelle en fonction du contexte. Même si cela ne représente pas le meilleur moyen d’apprentissage, il s’agit d’un bon moyen d’ajouter un avantage à votre profil, sans oublier les certifications sur la pratique que je vous conseille de privilégier. Pour certains, les certifications sont aussi un bon moyen de se motiver à travailler une technologie, ce qui est une bonne chose.
Néanmoins, j’ai tendance aussi à penser que s’il s’agit uniquement d’un besoin d’apprendre ou de visibilité, il y a surement des solutions plus efficientes. Écrire des articles de blog, contribuer sur de l’open source, voir aider des associations vous permettra surement d’en apprendre plus et de gagner en visibilité en moins de temps.
Maintenant que nous avons abordé un peu plus ce sujet, vous êtes libre d’évaluer si c’est le bon moment de passer une certification.